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Diplomatie

Expulser des Haïtiens aujourd’hui, c’est un verdict de condamnation, selon William O’Neill

La situation en Haïti atteint un niveau de crise humanitaire et sécuritaire sans précédent, et l’expert des Nations Unies sur les droits de l’homme en Haïti, William O’Neill, lance un avertissement solennel : expulser des Haïtiens vers leur pays d’origine dans ces conditions équivaut à leur infliger une condamnation à une vie de violence et d’insécurité.

Dans une déclaration publiée le 4 juillet 2025, William O’Neill décrit un pays « catastrophique à tous égards », où la violence généralisée, la présence écrasante des gangs armés et l’effondrement des services de base plongent la population dans un état de peur permanente. « En trente ans de travail en Haïti, je n’ai jamais vu une telle dégradation », affirme-t-il.

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Selon ses observations, plus de 1,3 million d’Haïtiens ont été contraints de fuir leurs foyers, dont la moitié sont des enfants. La violence, incluant enlèvements, meurtres et agressions sexuelles — avec une augmentation inquiétante des viols collectifs — s’est étendue bien au-delà de Port-au-Prince. Les axes routiers stratégiques, les centres urbains du Nord, le Plateau central, et la vallée de l’Artibonite sont désormais largement contrôlés par des groupes armés, compromettant gravement la sécurité et l’approvisionnement alimentaire du pays.

L’insécurité alimentaire aiguë touche aujourd’hui plus de la moitié de la population, tandis que la quasi-totalité des établissements de santé fonctionne au ralenti ou est fermée. Les enfants sont fréquemment recrutés de force par les gangs, et les victimes de violences sexuelles peinent à accéder à des services de soutien. L’impunité règne pour ces crimes odieux.

Face à ce tableau sombre, William O’Neill rappelle que le principe international de non-refoulement interdit formellement aux États de renvoyer des personnes vers des lieux où leur vie ou leur intégrité seraient en danger. Il exhorte donc fermement les pays, en particulier les États-Unis, à suspendre toutes les expulsions vers Haïti, y compris pour les migrants en situation irrégulière ou ceux dont la demande d’asile a été rejetée.

« Il n’existe actuellement aucune possibilité de retour sûr, digne et durable pour les Haïtiens qui se trouvent à l’étranger », souligne-t-il, en appelant également à la mise en place de dispositions légales de séjour temporaires, assorties de garanties robustes, pour protéger ces populations vulnérables.

Cette prise de position résonne au moment où les expulsions d’Haïtiens depuis plusieurs pays continuent de susciter une vive controverse internationale, mettant en lumière l’urgence d’une réponse humanitaire et politique coordonnée.

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Yvena ISIDOR

Journaliste

Journaliste, à la fois présentatrice de radio et rédactrice depuis 2021, Professeure de mathématiques avec une formation en génie civil, militante dans le monde culturel comme animatrice de club d'art et de spectacle.

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