Dans un entretien accordé au New York Times, l’ancien ambassadeur de France à Haïti, Thierry Burkard, a reconnu que le départ forcé du président haïtien Jean‑Bertrand Aristide lors du coup d’État de 2004 pouvait être « probablement un peu lié » à sa campagne pour que la France rembourse à Haïti la dette née de son indépendance.
Plus de deux siècles après l’indépendance d’Haïti, le conflit autour de cette dette dite « rançon » s’est invitée dans l’histoire contemporaine. En 1825, sous la pression d’une flotte française, Haïti avait été contrainte de verser à la France une somme équivalente à 150 millions de francs or — un montant faramineux à l’époque — en échange de la reconnaissance de son indépendance.
M. Burkard a ainsi déclaré qu’Aristide avait pris un risque politique majeur en soulevant ce débat des réparations : « C’était probablement lié en partie à sa démarche », a‑t‑il affirmé, suggérant que les puissances impliquées ne toléraient pas que cette revendication puisse servir de précédent.
Cette admission relance le débat sur les responsabilités coloniales et néocoloniales dans la trajectoire de l’État haïtien. Elle alimente les revendications croissantes d’Haïti, et de la communauté internationale, en faveur d’un geste de réparation et de reconnaissance de l’impact de cette dette sur son développement, selon Le Monde.
En résumé, l’affaire éclaire d’un jour nouveau les liens entre colonisation, indépendance et crise actuelle en Haïti, tout en soulevant une question morale : peut‑on dépasser les blessures historiques sans les reconnaître ?
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