Le gouvernement haïtien a exprimé mercredi 20 août ses réserves face à la nouvelle feuille de route pour Haïti présentée par le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin. Ce plan, estimé à 2,6 milliards de dollars pour la période 2025-2028, s’articule autour de cinq piliers : sécurité, gouvernance, élections, aide humanitaire et développement durable.
Si Port-au-Prince reconnaît les efforts de l’OEA, il juge que le document ne correspond pas encore aux priorités du pays. « Pour que l’idée d’une feuille de route conduite par Haïti et pour Haïti ne soit pas une rhétorique vide, elle doit s’aligner sur les choix du pays », a affirmé le représentant a.i d’Haïti à l’OEA, Jean Josué Pierre, devant le Conseil permanent.
La sécurité reste au cœur de ces choix. Citant Laurent Saint-Cyr, coordonnateur du Conseil présidentiel de transition, le diplomate a rappelé que « les voix de 12 millions d’hommes et de femmes s’élèvent pour réclamer une seule chose : la sécurité ». Selon lui, sans rétablissement de l’ordre, aucune relance des écoles, des entreprises ou des hôpitaux n’est envisageable.
Toutefois, Haïti plaide également pour une approche globale dépassant la réponse humanitaire. Jean Josué Pierre a insisté sur la nécessité de renforcer la gouvernance politique et économique, de restaurer la légitimité institutionnelle par des élections crédibles et de lancer des programmes de développement social et économique durables.
Le gouvernement haïtien a annoncé son intention de présenter très bientôt à l’OEA son propre plan. Celui-ci visera à définir l’ordre des priorités, à aligner le calendrier d’exécution sur les réalités nationales et à assurer que l’allocation des ressources corresponde aux besoins du pays. Une manière pour Port-au-Prince d’affirmer sa volonté de reprendre la main sur la stratégie de sortie de crise.
En conclusion, le représentant haïtien a adopté un ton conciliant envers Albert Ramdin, tout en réitérant son appel à l’écoute : « Nous connaissons votre attachement à Haïti. Nous n’avons aucun doute sur votre volonté de nous aider. Mais pour le faire efficacement, il faut commencer par le commencement : commencez par nous écouter. »
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