En Haïti, la Forêt des Pins, plus grande réserve forestière du pays, est censée être un sanctuaire naturel protégé. Pourtant, une partie de ceux chargés de sa sauvegarde participent eux-mêmes à sa dégradation, d’après un article écrit par le journal Ayibopost.
Selon Eraniel Jean, avocat au Barreau de la Croix-des-Bouquets et coordonnateur d’une organisation de jeunes à Fonds-Verrettes, « certains agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) utilisent leur position pour vendre des terres au sein même de la forêt ». Cette situation illustre un paradoxe inquiétant : l’institution créée pour protéger la forêt contribue en partie à son exploitation illégale.
Créée en 2006 avec seulement 32 agents, la BSAP a vu son effectif passer à plus de 6 000 membres en 2022. Mais la majorité sont des bénévoles non intégrés au budget de l’Agence nationale des aires protégées (ANAP). Selon une enquête d’AyiboPost en 2024, seuls 140 agents sont officiellement reconnus. Cette fragilité institutionnelle facilite les dérives et limite la surveillance efficace des zones protégées.
Jean Rony Contant, membre du Réseau pour la sauvegarde de la Forêt des Pins (RSFP), constate que « la coupe anarchique d’arbres, l’implantation de constructions illégales et le commerce de terrains se poursuivent, malgré la présence de la BSAP ». La situation est aggravée par la présence de gangs qui contrôlent l’accès à la réserve, rendant l’intervention des autorités encore plus difficile.
Ainsi, la Forêt des Pins, qui devrait être un modèle de conservation, est aujourd’hui victime à la fois de pressions criminelles externes et de dérives internes. Pour Contant, « la forêt est pratiquement livrée à elle-même », et sa survie dépend d’une action urgente et coordonnée entre l’État, les organisations communautaires et les acteurs de la conservation.
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