Alors que les États-Unis intensifient leur campagne antidrogue dans les Caraïbes à travers une série de frappes meurtrières, le Canada choisit une posture de prudence. Ottawa prend ses distances avec les opérations américaines qui, depuis le 1ᵉʳ septembre, ont entraîné la destruction de 23 embarcations et causé la mort de 87 personnes considérées comme des présumés narcotrafiquants.
Engagée depuis près de vingt ans dans l’opération CARIBBE un partenariat multinational contre le trafic de stupéfiants la Marine royale canadienne collabore régulièrement avec les forces américaines. Toutefois, les derniers événements ont suscité des interrogations profondes au sein du ministère canadien de la Défense, qui pointe du doigt l’absence de procédures conformes au droit international. Ottawa rappelle que l’arraisonnement, la fouille, les saisies et l’arrestation des suspects doivent constituer la norme, et non les frappes létales.
Les opérations américaines ont été sévèrement critiquées sur la scène internationale. Le président colombien Gustavo Petro a dénoncé ce qu’il qualifie d’“exécutions extrajudiciaires” en haute mer. Une critique que plusieurs experts canadiens jugent fondée, estimant que la lutte antidrogue ne peut se mener au détriment des garanties légales fondamentales. Le ministère canadien de la Défense confirme d’ailleurs que les Forces armées canadiennes n’ont joué aucun rôle dans ces attaques, qu’il décrit comme des “actions unilatérales” des États-Unis.
Malgré ces préoccupations, Ottawa ne se retire pas de CARIBBE. Le Canada entend maintenir sa participation, tout en réévaluant continuellement ses engagements pour les aligner sur ses obligations juridiques et ses intérêts stratégiques. Une position saluée par des spécialistes, qui y voient une approche de “prudence nécessaire” permettant de préserver à la fois la coopération régionale et l’intégrité des opérations.
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