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Société

Haïti/Kidnapping : libération des employés de l’UNICEF après trois semaines de captivité

Cinq employés du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), enlevés le 7 juillet lors d’une mission dans une zone contrôlée par des gangs armés, ont été libérés ce lundi 28 juillet par leurs ravisseurs. L’un des six membres de l’équipe avait été relâché dès le lendemain de l’enlèvement, rapporte Gazett Haïti News.

Dans un communiqué, l’UNICEF s’est gardé de commenter les conditions de cette libération, notamment s’il y a eu versement d’une rançon. L’agence a précisé que les victimes reçoivent un soutien médical et psychologique, et ont pu retrouver leurs proches. Elle a rappelé que « les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être des cibles », insistant sur la nécessité pour toutes les parties de respecter le droit international humanitaire.

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Une crise des enlèvements qui s’aggrave : L’affaire s’inscrit dans une vague de violences qui frappe Haïti depuis plusieurs années. Les enlèvements sont devenus une source de financement majeure pour les groupes armés, aux côtés de l’extorsion et des taxes illégales imposées sur les routes. Selon les Nations unies, près de 350 personnes ont été enlevées au premier semestre 2025, et 1 494 cas ont été recensés sur l’ensemble de l’année 2024. Ces chiffres pourraient être largement sous-évalués, avertissent les experts. « Moins de 10 % des enlèvements sont officiellement rapportés », explique Austin Holmes, spécialiste humanitaire ayant négocié la libération de plusieurs otages en Haïti. Selon lui, l’ampleur réelle pourrait être dix fois plus élevée que les données officielles.

Les gangs ciblent aussi bien des civils que des travailleurs humanitaires, des étrangers et des ressortissants haïtiens. Les rançons exigées peuvent atteindre plusieurs milliers de dollars, notamment dans le cas de ressortissants étrangers. Le chef de gang Renel Destina, alias « Ti Lapli », cité par les autorités comme étant à l’origine de l’enlèvement de l’équipe de l’UNICEF, est également impliqué dans d’autres prises d’otages, dont celle de l’Américain Jeff Frazier en 2023.

Une impunité persistante: La libération rapide des employés de l’UNICEF interroge certains observateurs, dont Jeff Frazier lui-même, ancien otage resté 43 jours en captivité. Il suggère que la menace de représailles par des entreprises militaires privées américaines opérant en Haïti aurait pu accélérer les négociations.

Pendant ce temps, les chefs de gangs restent, pour la plupart, hors d’atteinte. Le chef du gang « 5 Segond », Johnson André, alias « Izo », a été inculpé aux États-Unis pour la prise d’otage d’un citoyen américain, sans être arrêté à ce jour. Germine Joly, lié aux « 400 Mawozo », a, lui, été reconnu coupable aux États-Unis pour l’enlèvement de 16 missionnaires américains en 2021, mais attend encore sa condamnation pour ces faits précis.

Alors que les gangs renforcent leur emprise sur Port-au-Prince et d’autres régions, les perspectives de sécurité s’assombrissent. « Tant que les gangs continueront à opérer en toute impunité, les enlèvements resteront un instrument central de leur pouvoir », affirme Austin Holmes.

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