Le Canada se doit d’être proactif afin d’éviter que les États-Unis se rapprochent trop de la Chine au cours des prochains mois, selon l’ancien ambassadeur du Canada, Guy St-Jacques.
En entrevue avec Mario Dumont, M. St-Jacques indique que si cela survient, le Canada pourrait être grandement désavantagé. «Avec la Chine, je pense qu’il est possible d’avoir une relation commerciale intéressante, mais en même temps, il ne faut pas oublier qu’il y a des nuages», dit-il. «Un nuage possible, ce serait une entente commerciale entre Xi Jinping et Donald Trump, continue-t-il. On voit des indices que Trump veut négocier quelque chose. Bien sûr, les Chinois veulent échapper à l’imposition de tarifs, et nous, on pourrait faire les frais d’une telle entente.»
Le volume de biens exportés par le Canada pourrait ainsi diminuer. «Si Trump obtient ce qu’il veut et accroît de beaucoup ses exportations avec la Chine, ça risque d’être des produits qu’on exporte déjà, comme le soya, l’orge, le porc et le bœuf, avance l’ancien ambassadeur. Ça risquerait de réduire nos exportations, et là-dessus, Donald Trump ne va pas nous faire de cadeau.»
M. St-Jacques est d’avis que le Canada devrait accentuer ses liens commerciaux avec d’autres pays d’Asie. «Il devrait continuer avec la mise en œuvre de la stratégie indopacifique qui a été mise en place il y a un peu plus de deux ans par la ministre Joly, mentionne-t-il. Ça vise la région de l’Asie du Sud-est avec des pays comme le Vietnam, l’Indonésie et la Malaisie, où il y a une croissance importante qui va continuer.»
Il considère Donald Trump comme un «leader paradoxal». «C’est le monde à l’envers, parce que je pense que la stratégie à Ottawa c’était de dire à Trump que s’il veut réduire sa dépendance envers la Chine, il faut travailler avec nous. Par exemple, pour obtenir des minéraux critiques, on en a.» «Je pense que sur cette question, la Chine peut exercer beaucoup de pression, renchérit-il. Trump, il aime Xi Jinping, il aime le leader de la Corée du Nord, il aime Poutine, et c’est comme s’il était plus à l’aise à faire affaire avec eux. Ça nous met dans une position très difficile.»
C’est pourquoi il croit que le Canada doit agir rapidement afin d’éviter le «chaos». «Le Canada a toujours compté sur un système international avec des règles claires qui s’appliquent à tous, indique M. St-Jacques. Là, on se retrouve dans une situation où les Chinois, souvent, contournent les règles et un président Trump qui dit “c’est quoi, ça, des règles?”»
«À mon avis, ça va demander un effort immédiat du gouvernement canadien de travailler avec les alliés européens et avec le Japon pour dire qu’il faut essayer de maintenir de l’ordre dans le système international, sinon ça va devenir le chaos», renchérit-il.
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