Le troisième trimestre de l’exercice fiscal 2024-2025 a confirmé l’essoufflement de l’économie haïtienne. Entre insécurité persistante, contraction de l’activité et flambée des prix, le pays traverse une phase critique où les ménages comme les entreprises peinent à maintenir leurs équilibres.
Sur le plan macroéconomique, l’Indicateur conjoncturel d’activité économique (ICAE) a reculé de 2,7 % au deuxième trimestre 2025, après une baisse de 2,5 % au trimestre précédent. Tous les secteurs ont été affectés : le primaire (-5,7 %), le secondaire (-4,9 %) et le tertiaire (-1,2 %). Cette contre-performance s’explique principalement par l’insécurité généralisée qui perturbe la production, le commerce et les chaînes d’approvisionnement.
La balance commerciale a, elle aussi, poursuivi sa détérioration. Entre octobre 2024 et juin 2025, les exportations ont chuté de 9,41 % pour atteindre 520,15 millions de dollars, tandis que les importations ont progressé de 10,11 %, s’élevant à 3,47 milliards de dollars. Résultat : un déficit commercial aggravé de 14,5 %, illustrant la dépendance croissante du pays aux biens étrangers.
Parallèlement, la situation humanitaire s’est envenimée. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1,3 million de personnes étaient déplacées internes au 30 juin 2025, conséquence directe des violences dans l’Artibonite, le Centre et la région métropolitaine. Cette instabilité a renforcé la crise alimentaire : environ 5,7 millions d’Haïtiens, dont un million d’enfants, sont en insécurité alimentaire aiguë.
Sur le front des prix, la pression inflationniste n’a pas faibli. Le taux d’inflation annuel a atteint 28,4 % en juin 2025, contre 25,2 % trois mois plus tôt. Les hausses les plus marquées concernent le logement, l’énergie et les produits alimentaires, reflétant l’impact direct de l’insécurité et des perturbations logistiques sur le quotidien des familles.
Face à ces défis, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a poursuivi ses mesures de politique monétaire pour stabiliser le taux de change et soutenir la production nationale. Malgré ces efforts, l’économie haïtienne reste piégée dans un cercle vicieux où insécurité, déficit commercial et inflation se renforcent mutuellement, pesant lourdement sur les ménages et sur la relance économique.
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