C' est compliqué, le cas de Réginald Boulos aux États- Unis est délicat, il parle et deparle

• Par Yvena ISIDOR
• 19-07-2025
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• Le Placentin

L’homme d’affaires et acteur politique haïtien Pierre Réginald Boulos a été interpellé par les agents américains de l’immigration le 18 juillet à Miami. D’après les informations exclusives obtenues par le journaliste Valerio Saint-Louis, il est actuellement détenu dans un centre de rétention, dans des conditions particulièrement difficiles. Il partagerait une cellule sans lit avec plusieurs codétenus, malgré une demande formelle d’isolement, formulée après avoir fait part de craintes sérieuses pour sa sécurité.

En effet, selon les mêmes sources, M. Boulos aurait indiqué avoir transmis des informations sensibles susceptibles de mettre en cause d’autres personnalités influentes impliquées dans des activités criminelles transnationales. Ces révélations, si elles sont avérées, pourraient expliquer son insistance à être placé à l’écart, ainsi que l’extrême prudence des autorités autour de son dossier.

Toujours selon nos informations, cette arrestation s’inscrirait dans le cadre d’une enquête conjointe menée par l’ICE et le FBI. Les soupçons à l’encontre de M. Boulos seraient multiples et graves. Ils porteraient notamment sur un soutien présumé à des groupes armés opérant en Haïti, une possible implication dans l’assassinat du président Jovenel Moïse, des actes de corruption à grande échelle, du blanchiment d’argent, ainsi que des liens supposés avec une association de malfaiteurs. Certaines de ces allégations s’appuieraient sur des plaintes déposées antérieurement, aussi bien aux États-Unis qu’en Haïti.

Les avocats de l’homme d’affaires ont tenté, en vain, d’obtenir sa libération sous caution. La justice américaine, estimant qu’il existait un risque de fuite et qu’il convenait de protéger l’intégrité de l’enquête en cours, aurait opposé une fin de non-recevoir à cette requête. Pour l’instant, aucun acte d’inculpation formel n’a été rendu public. De plus, l’absence de calendrier judiciaire contribue à entretenir le flou autour de la suite des procédures.

Par ailleurs, la situation migratoire de M. Boulos complique davantage sa position. Il aurait récemment entamé des démarches pour ajuster son statut en invoquant les dispositions du programme de protection temporaire, connu sous le nom de TPS. Toutefois, cette initiative se heurte à un élément déterminant. L’intéressé aurait renoncé à sa citoyenneté américaine plusieurs années auparavant, afin de retrouver exclusivement sa nationalité haïtienne. Ce choix, vraisemblablement motivé à l’époque par des considérations politiques, pourrait aujourd’hui se retourner contre lui.

Jusqu’à présent, aucune procédure formelle de déportation n’a été engagée. Néanmoins, certains analystes estiment qu’un renvoi vers Haïti pourrait constituer pour lui une forme d’échappatoire, dans un contexte où la justice haïtienne demeure fragile et politisée. D’autres y voient au contraire le prélude à une longue descente judiciaire, potentiellement marquée par des révélations explosives impliquant d’autres membres de l’élite haïtienne.

Ni les représentants légaux de M. Boulos ni les autorités américaines n’ont souhaité commenter l’affaire à ce stade. Le dossier, toujours en cours d’examen, continue de susciter interrogations et spéculations, tant à Washington qu’à Port-au-Prince.